Aujourd'hui, je voudrais juste vous avertir. Parce qu'il y a urgence : sous les discours optimistes, les statistiques "encourageantes" et les marchés boursiers en hausse permanente, nos spécialistes ont découvert qu'une nouvelle crise est en train de couver.
Mensonge n°1
"La France vise l'équilibre budgétaire en 2016"
François Fillon, le 8 octobre 2010
Bon, soyons clair : depuis le début de l'année -- c'est-à-dire en à peine un trimestre, le déficit de l'Etat se monte déjà à 28 milliards d'euros.
A la même époque l'an dernier, il était "seulement" à 21,8 milliards d'euros. Est-ce vraiment ainsi qu'on compte atteindre l'objectif fixé dans cinq ans ?
La dernière fois que la France a présenté un budget dans le vert, on était en 1974. Et encore, à l'époque, le déficit se montait à l'équivalent de 6,3 milliards d'euros.
En 2009, on en était à 144 milliards d'euros à trouver pour sortir de l'ornière les comptes de l'Etat !
Où nos dirigeants comptent-ils trouver cet argent ?
En mai 2010, François Fillon a annoncé un gel des dépenses de l'Etat jusqu'en 2013... Un pas dans la bonne direction, apparemment -- sauf qu'il s'accompagnait de langue de bois si épaisse qu'on aurait pu y tailler une étagère :
"La rigueur, c'est quand on réduit les dépenses et qu'on augmente les impôts. Nous, nous avons choisi, le plan de relance mis à part, de réduire la pression fiscale lorsque c'était possible et de diminuer la dépense publique".
François Fillon, le 7 mai 2010
Et que voyons-nous -- à peine six mois plus tard -- dans la Loi de Finances 2011 ?
Des hausses d'impôts sont prévues :
- sur les plus hauts revenus...
- sur les revenus du capital -- c'est-à-dire votre épargne placée en actions, votre assurance-vie, et ainsi de suite...
- sur les plus-values immobilières...
... et en plus, de nombreux avantages fiscaux permettant d'alléger un peu les ponctions infligées à vos revenus ont été supprimés !
Bref, une fois encore, l'Etat applique le système du "écoutez ce que je dis... ne regardez pas ce que je fais !"
Revenons à la diminution des dépenses publiques à laquelle s'était engagé le gouvernement. Rien qu'au premier trimestre 2011, ce sont 7,4 milliards d'euros non-prévus qui ont été dépensés suite à des "événements exceptionnels".
On invoque la Grèce et son plan de renflouage, des avances faites aux collectivités territoriales françaises, on minimise, on rassure.
La vérité, c'est que des événements exceptionnels, il y en a toujours. La Grèce au premier trimestre, le Portugal ensuite, le tremblement de terre au Japon, l'intervention en Côte d'Ivoire... Vous verrez que nos dirigeants ne seront jamais à court d'excuses pour justifier les objectifs non-tenus et les dépenses qui mettent le pays à genoux.
Et en fin de compte, c'est la faillite de l'Etat français qui nous attend, avec tout ce qu'elle implique. Recul de l'âge de la retraite, sacrifice de services aussi essentiels que l'éducation ou la santé, gel des salaires, hausses d'impôts...
Une poignée d'hommes décident... et au bout, c'est toujours le contribuable qui paie.
Je ne le répéterai jamais assez : vous devez agir maintenant pour protéger vos économies, et augmenter votre patrimoine le plus rapidement possible pour assurer vos conditions de vie futures et celles de votre famille.
Mensonge n°2
"Nous sommes déterminés à
sauvegarder la stabilité financière"
Rubrique "La mission de l'Eurosystème",
site internet de la Banque centrale européenne
Vous vous dites peut-être que la France est à l'abri, bien au chaud dans le giron européen. Après tout, l'euro est censé être entre les mains compétentes des autorités de l'Union, comme la BCE. Elle est en charge -- c'est explicitement noté dans ses missions -- de la stabilité des prix.
Seulement voilà : la BCE se trouve désormais au pied du mur.
En Europe, les banques ont été renflouées par les états. Puis certains de ces états -- comme la Grèce, l'Italie, l'Espagne, l'Irlande -- se sont trouvés en difficulté, écrasés par ces efforts de sauvetage, mais aussi par des années de mauvaise gestion et d'investissements à mauvais escient.
Devant la catastrophe qui menaçait, la BCE, bien entendu, n'est pas restée les bras croisés. Elle a mis en place une série de mesures de sauvetage dangereuses. Elle a empiré la situation et hypothéqué l'avenir de nos enfants et petits-enfants -- tout cela pour sauver, à court terme, des politiciens et des institutions financières qui avaient fait des mauvais choix et n'assument pas leur responsabilités.
C'est assez simple. La BCE a beau appeler à la stabilité monétaire, fixer des limites pour les déficits des états membres de l'Union (3% selon le Traité de Maastricht, pour rappel), et s'engager à ne pas laisser l'inflation dépasser certaines limites... les chiffres sont là :
*Ses prêts aux institutions financières ont explosé, passant de 675 millions d'euros en 2006 à 1 653 milliards d'euros en 2009.
*La BCE rachète également les "actifs pourris" des états en difficultés. Rien qu'au deuxième semestre 2010, elle ainsi dépensé 72 milliards d'euros pour empêcher des pays comme l'Irlande, la Grèce ou le Portugal de sombrer.
*Quant au FESF, le fameux Fonds européen de stabilité financière, il n'est rien d'autre qu'une gigantesque machine à s'endetter : son rôle est d'emprunter à la place de l'état en difficulté !
*Les chiffres sont vertigineux : les pays peuvent emprunter directement en leur nom ou à apporter leur garantie aux emprunts émis par le FESF pour un total de 440 milliards d'euros.
* La première émission d'obligations du FESF a eu lieu récemment. C'est ainsi que cinq milliards d'euros ont ainsi été empruntés en janvier 2011... et ce n'est qu'un début : le FESF prévoit d'emprunter jusqu'à 26,5 milliards d'euros sur les marchés financiers.
Le graphique ci-dessous montre la monnaie en circulation dans la Zone euro, en millions d'euros. Il se passe de commentaires :
Ah c'est sûr, de la stabilité, il y en a -- une tendance stable à la HAUSSE !
C'est assez clair : la BCE est en train de créer de l'argent à partir de rien. Par le biais d'opérations monétaires et obligataires, elle met en place toutes les conditions pour une inflation vertigineuse. Et n'oubliez pas que plus il y a de devise en circulation... moins cette devise a de valeur.Il est temps d'agir -- avant que l'incendie ise déclare pour de bon..
Mensonge n°3
"J'aimerais réaffirmer qu'un dollar fort
est dans notre intérêt en tant que pays"
Tim Geithner, Secrétaire au Trésor US, le 6 novembre 2010
C'est sans doute la plus Grande imposture de toutes. La plus réussie. Elle dure depuis un demi-siècle... et en dépit de quelques frayeurs ces dernières années, elle semblait partie pour durer éternellement.
Je veux parler bien entendu de la suprématie du dollar. Jusqu'à présent, il était reconnu par le monde entier comme le seul standard monétaire valable.
Pourtant, il s'appuie sur un Etat en faillite : 14 300 milliards de dollars de dettes environ, au 30 janvier 2011.
De son côté, la banque centrale américaine détruit méthodiquement et délibérément la valeur du billet vert par le biais de la création monétaire. Je rappelle que grâce à l'assouplissement quantitatif, 900 milliards de dollars devraient être créés à partir de rien d'ici le troisième trimestre 2011.
Mais ce bel édifice commence à sérieusement chanceler.
Depuis quelques années, le déclin du dollar est entamé. Et il va en s'accélérant. Les coups de boutoir arrivent de toutes parts.
En 2009 déjà, lors d'une visite en Chine, Tim Geithner prononçait un discours sur la solidité du dollar et l'engagement des Etats-Unis à garder une monnaie forte. La seule réaction de son public -- des étudiants -- a été... le rire.
Le président de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick, lors d'un discours à l'Université de John Hopkins, aux Etats-Unis, a déclaré récemment : "les Etats-Unis auraient tort de tenir pour acquise la place du dollar en tant que devise de réserve mondiale prédominante. A l'avenir, il y aura de plus en plus d'autres options que le dollar".
De son côté, le Fonds monétaire international a publié l'année dernière un rapport appelant à une nouvelle devise mondiale.
Un rapport intitulé Accumulation de réserves et stabilité monétaire internationale, écrit par le Département stratégie, politique et revue de l'IMF, recommande que le monde adopte une devise mondiale appelée "Bancor", avec une banque centrale mondiale qui administrerait la devise.
Ce rapport est daté du 13 avril 2010... et malheureusement, il n'a rien d'une simple rumeur.
C'est une proposition extrêmement sérieuse, dans un document officiel provenant de l'une des institutions les plus puissantes au monde.
Est-ce que vous voyez où tout cela se dirige ?
Comme l'écrivait le stratégiste et économiste brésilien Ricardo C. Amaral :
"Le dollar US a rempli son devoir depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, devenant la devise de réserve de changes majeure... [mais] les jours où le dollar jouait ce rôle particulier [...] touchent à leur fin, puisque de nos jours, ce système est très malade et se meurt lentement"...
M. Amaral a ajouté que nous verrons bientôt "un effondrement majeur du dollar US, créant la plus grande crise monétaire internationale que le monde ait jamais vu"...
Le premier domino de cette crise vient peut-être de tomber : le 18 avril 2011, l'agence de notation Standard & Poor's a dégradé la perspective d'évolution des obligations d'Etat américaines de long terme -- elle est passée de "stable" à "négative".
Ce qui veut dire, en langage normal, qu'on commence à remettre officiellement en question la capacité des Etats-Unis à rembourser leurs dettes.
Pour l'instant, la dette américaine a encore la note maximale, "AAA". Mais cela pourrait changer. Selon Standard & Poor's, cette notation pourrait être dégradée d'ici deux à trois ans !
C'est pour toutes ces raisons que les prix de l'or et de l'argent grimpent en flèche :
La question n'est pas de savoir "si" le dollar américain perdra son statut de devise de réserve mondiale... mais simplement de savoir "quand".
Les investisseurs sont conscients que les Etats-Unis et le dollar ont des problèmes très graves -- si bien qu'ils fuient vers les métaux précieux, historiquement fiables lorsqu'un pays a des problèmes majeurs avec sa devise.
En bref : il n'est pas difficile de voir pourquoi les gens n'acceptent plus les dollars américains... et pourquoi de nombreux pays étrangers poussent pour une nouvelle devise de réserve mondiale.
Les pressions qui pèsent sur le dollar sont très fortes, et se font de plus en plus urgentes. Le billet vert pourrait facilement céder. Aucune autre devise n'est vraiment prête à prendre la place du dollar en tant que devise de réserve mondiale : les investisseurs du monde entier perdraient donc aussitôt toute confiance dans le système financier, et dans toutes les formes de richesse papier (ou électronique).
En fait, durant un sérieux effondrement du billet vert, selon toutes probabilités, toutes les devises perdraient leur valeur. Il en résulterait une hausse fulgurante des prix mondiaux des actifs tangibles. L'hyperinflation se répandrait au reste de la planète comme une traînée de poudre.
William Bonner
Président-fondateur, MoneyWeek France