Jo Nocera, journaliste au New York Times, publie un email que lui a adressé un banquier, qui se déclare "dégouté" par les pratiques de la profession dans le domaine du crédit révolving. Les américains ont été depuis des années submergés de propositions de cartes de crédit qui ne tiennent aucun compte de leurs capacités de remboursement réelles. Avec pour résultat un surendettement chronique qui pourrait se traduire sous peu par une explosion des faillites personnelles.
My daughter’s credit line started at $1,000 and has been increased over the last two years to $4,400. She has no increased earnings to support this. But the banks do it without asking. And without being asked. The banks reel in the consumer, charge interest rates higher than those charged by the mob, increase lines without the consumer asking and without their consent, and lure them into overextending. And we can count on the banks to act surprised when they aren’t paid back. Shame on them. (...)
This has got to stop. People are going to be learning hard lessons over the next years. It would help, though, if the banks could change their behavior now, before things get any worse. Tomorrow is already too late. (...)
I’ve been reviewing many of the banks annual reports over the last month and there is no question that the default rates are on the rise. If Congress doesn’t act today, the bankers will have their hats in their hand before we know it, and doing another a tap dance before the Senate Banking Committee, and asking to be bailed out once again with our tax dollars. Sad, but true.
Meredith Whitney : sauver la consommation
La très réputée analyste finanière Meredith Withney met en garde sur la contraction de la demande provoquée par celle du crédit.
Elle estime à 3000 milliards de dollars la diminution pour cause de crise du volume de crédits accordés aux ménages et aux entreprises.
Aux USA, où la consommation des ménages représente plus de 70% du PIB, l’utilisation du crédit révolving est devenu une seconde nature. La réduction prévisible de celui-ci, qu’elle estime à 2000 milliards, pourrait entrainer des effets "désastreux" de l’activité, avertit-elle.
Whitney pointe le problème central des politiques de relance aux USA. Ce pays devrait à la fois se désendetter, c’est à dire épargner, et continuer à consommer au même rythme pour sauver son économie. Il y a là une contradiction dans les termes.
La relance est indispensable, mais elle ne peut évidemment se contenter de tabler à nouveau sur l’empilement du crédit et des déficits extérieurs.
La part de la consommation des ménages dans le PIB, bien supérieure à la moyenne des pays développés, où elle avoisine plutôt les 60%, ne peut que se contracter. Idéalement, les dépenses de l’Etat, tournées vers l’investissement, devraient compenser cette baisse. Mais l’ampleur du déplacement du curseur présuppose aussi une modification en profondeur de la structure productive des USA, y compris avec un mouvement de relocalisation d’une partie des industries imprudemment transférées en Asie. La tâche s’annonce rude pour Obama.
Les investisseurs fuient le marché de la dette des pays émergents
Au troisième trimestre, le volume des transactions sur le marché des emprunts d’Etat des pays émergents a chuté de 43%, avec 946 milliards de titres échangés, contre 1 670 milliards au trimestre précédent.
Bloomberg - 25/11 : Trading in emerging-market debt plunged 43 percent in the third quarter to the lowest since 2003 as the global financial crisis choked off demand for higher- yielding securities.
Trading totaled $946 billion in the quarter, down from $1.67 trillion in the year-earlier period, the Emerging Markets Traders Association , or EMTA, said in a statement. Trading was down 22 percent in the third quarter from the second, the survey by New York-based EMTA showed.
The extra yield investors demand to own developing-nation debt instead of U.S. Treasuries has more than doubled in the past six months to 7.11 percentage points and touched a six-year high of 8.65 percentage points on Oct. 24.
Les pays émergents, comme les banques, sont exposés au risque de la non concordance des maturités, c’est à dire des durées d’engagements. Le principe, simplifié à l’extrême, est celui-ci : au lieu de souscrire un emprunt de 10 ans à 5% pour financer un investissement, s’endetter pour 3 mois à 2% et renouveller en permanence cet emprunt à court terme.
Mais désormais, ces dettes à court terme souscrites dans la période d’euphorie seront de plus en plus difficiles à refinancer.
Les économistes doivent se remettre en cause
Marin Wolf : Le temps de l’humilité
« Une depression aussi grave n’aurait pas pu être provoquée par les seuls responsables politiques. Elle nécessitait la participation des économistes, » plaisante Wolf, avant de s’interroger : « pourquoi nous sommes nous trompés aussi lourdement » ? Tout en pointant du doigt la spécialisation extrême des études qui a selon lui contribué à faire perdre de vue le tableau général de la situation, il attribue également cet échec à une trop grande confiance dans le monétarisme devenu dominant ces dernières années.
(...)
The difficulty was that we all tend to look at just one bit of the clichéd elephant in the room. Monetary economists looked at monetary policy. Financial economists looked at risk management. International macroeconomists looked at global imbalances. Central bankers focused on inflation. Regulators looked at Basel capital ratios and even then only inside the banking system. Politicians enjoyed the good times and did not ask too many questions. And what of commentators ? Well, they tended to indulge in the fantasy that the above knew what they were talking about. I am embarrassed to admit this. (...)
Alternatively, we could have spent more time studying the work of Hyman Minsky. We could also have considered the possibility that, just as Keynes’s ideas were tested to destruction in the 1950s, 1960s and 1970s, Milton Friedman’s ideas might suffer a similar fate in the 1980s, 1990s and 2000s. All gods fail, if one believes too much. Keynes said, of course, that “practical men ... are usually the slaves of some defunct economist”. So, of course, are economists, even if the defunct economists are sometimes still alive. (...)
Yet I can’t get away from this feeling of inadequacy. One might not expect much from economists, but one would surely expect them to warn us of a crisis on this scale. Some humility is in order. That is going to hurt. A humble economist ? Surely not.
Krugman : tirer sans attendre les leçons de la crise
(...) Some people say that the current crisis is unprecedented, but the truth is that there were plenty of precedents, some of them of very recent vintage. Yet these precedents were ignored. (...)
because we’re all so worried about the current crisis, it’s hard to focus on the longer-term issues - on reining in our out-of-control financial system, so as to prevent or at least limit the next crisis. The experience of the last decade suggests that we should be worrying about financial reform, above all regulating the “shadow banking system” at the heart of the current mess, sooner rather than later. (...)
even though the incoming administration’s agenda is already very full, it should not put off financial reform. The time to start preventing the next crisis is now.
Fin du boom immobilier à Dubai
La bulle immobilière de l’émirat a éclaté, victime de la crise financière internationale. Les prix pourraient baisser de 20%, et plusieurs projets sont revus à la baisse ou retardés. L’émirat pourrait devoir faire appel à la générosité d’Abou Dhabi pour l’aider à refinancer une dette extérieure de 80 milliardes de dollars. Le 22 novembre les deux premiers établissements de crédit immobilier ont du être secourus par une banque d’Etat.
Bloomberg cite le cas d’un appartement situé sur l’ile artificielle de Palm Jumeira qui a perdu un tiers de sa valeur depuis le mois de septembre.
La baisse des taux se poursuit
La BCE a amené son taux directeur à 2,5% avec une baisse de 0,75%. « Le niveau d’incertitude demeure exceptionnellement élevé » a indiqué M. Trichet, qui prévoit que « la demande mondiale et dans la zone euro sera vraisemblablement ralentie durant une période prolongée ».
Le directeur de la BCE a refusé d’indiquer s’il prévoyait de nouvelles baisses, mais a précisé que les responsables devaient éviter d’être « piégés » par un taux trop bas.
La Banque d’Angleterre a également baissé son taux à 2%, tout comme la Banque de Suède, dont le taux est désormais le plus bas depuis 1992.